Je reçois la seconde photo presque dans l’instant. A 800 kilomètres de là.
Je reçois, traite l’image, et la renvoie une seconde fois dans un endroit précis de la sphère virtuelle, un espace public. Les Nuages de Sylvain Chauveau improvisent plutôt bien avec les gargouillements de la cafetière italienne. J’écris des textes qui tentent de parler d’ici. Et de là-bas. J’observe la photo et me raconte des histoires.
En vrai on en aurait parlé, avec Andrès, de la couleur des lettres, différentes, les blanches sont, je crois, en glace pilée, vu d’ici. Certaines doivent être encore dans les moins 20°. D’autres non… On aurait pu observer d’infimes détails. Chercher d’infimes points de vues. Me demande bien ce que Rémi va faire de ça. En photo. On aurait pu également fêter l’anniversaire d’Elise. Discuter, parler avec des gens de passage, et regarder fondre le sens…
Sous la langue.
Je reçois les photos et je les exporte, connecte. Pour d’autres. Exilé comme sur un nuage relais. Je commente un endroit où je ne suis pas. Mais aimerais grandement être.
Mais cela suffit, il est temps d’être ici. La café est passé. Je reviens au présent. Hic et nunc. Wroclaw, Pologne. Autre projet. Me rattraperais au retour, sur les prochaines lettres…
Des nouvelles fraiches, reçues ici, en Pologne, à Wroclaw, 10 coups sonnant au glas de la place Rynek. Corbeaux croassant. Surement des corneilles mantelées.
Deux photos reçues, c/o élise, prises il y a quelques minutes, à 800 kilomètres d’ici, sur la plage de Zuydcoote. L’Opération Crested Eagle est lancée…
Une mercedes sur la plage. Vue de loin. Andrès m’en avait parlé… une rencontre faite, avec Sylvain de l’OCEAMM pour l’observation et la conservation des animaux et des milieux marins, qui se proposait d’utiliser son 4X4, motorisé autorisé, pour amener les lettres sur la plage, à marée basse. Echappant ainsi à toutes les options envisagées, tous les plans fait, par Andrés, de brouettes, de brancards, de brouettes repérées, sur le bon coin, dans les jardins, et mille autre choses envisagées et envisageables… Là c’est simple. Un voyage. Unique.
On aperçoit en arrière-plan les restes du Crested Eagle. Bateau à aube, coulé le 29 mai 1940. J’ai une vielle photo quelque part, attendez, je fouille mes poches, la voilà… Tenez.
Treize lettres. Pas mieux. Déchargées. Reste à démouler.
Andrès joue avec un souvenir vague, celui du projet Escalofrio s’exportant, venu du Chili, relancé ici pour la première fois sur l’ancien continent… comme on dit en ethno-centré.
La suite, les mots, l’amorce de phrase, est à découvrir encore pour quelques heures, sur la plage de Zuydcoote… Mais là je n’ai aucun lien, aucun clic, la chose est encore… fraiche.
Trop fraiche pour internet.
Post-Scriptum: 11h22, Wroclaw, je reçois ( c/o élise) cette autre photo… Tenez
La question va se poser régulièrement dans les opérations Lettercamp.
Normal. Quand on pose des mots sur le paysage, on est dans un rapport nature/culture. Paysage vs Langage.
L’un ne faisant pas, traditionnellement, partie de l’autre. Les mots étant pièces rapportées. Rejoignant une des problématiques des Espaces Sensibles Naturels, des Parcs, quand il s’agit de la protection de la nature. L’homme est-il naturel? Partie prenante ou un danger pour la Nature ?… à laquelle il participe, mais néanmoins différencié…comme possédant une chose qui l’exclut du processus dit « naturel ». On retombe sur des problématiques de Culture vs Nature, de Connaissance et d’arbres… D’exil, de faute.
Il reste du chemin à faire…
Comment arriver à une culture intégrée à la nature, symbiotique ?